[-empyre-] des rapports de l'antiquité et de la modernité (conclusion personnelle)
En d'autres termes, la modernité matérialiste (que cela intéresse le virtuel
le concetuel ou le réel concret) est toujours un projet de changement à
vocation collective, relativement inachevé tant qu'il est avancé par
l'avant-garde ; même à son moment historique avant-gardiste c'est un
manifeste de l'émergence qui informe toujours des réalisations collectives à
réaliser au lendemain.
Qu'est-ce qui constitue le langage commun de la modernité - sa cognitivité
collective ? C'est toujours une référence à quelque chose de passé ou
destiné à passer et réputé su de tous (comme la loi, par exemple), et à
partir de quoi les différences entre la nouvelle proposition et l'ancienne
peuvent surgir de façon lumineuse et de celle-ci seulement, depuis cette
confrontation critique génératrice de concepts communs.
En l'occurence le savoir ne relève jamais de l'émergence, car il suppose la
maîtrise de quelque chose qui doit déjà être assez connu pour être
circonvenu. Au contraire, la connaissance est toujours active et
interactive, elle n'est jamais close, entre connu et inconnu car elle prend
toujours en compte l'inhabituel et l'accident possibles..
Mais il n'y a pas de possibilité d'information cognitive du changement sans
échange de savoir - direct ou indirect - à propos du passé -même immédiat -
ou de ce qui a déjà été réalisé ; car il n'y a pas d'autres façons de nommer
les données nouvelles pour un consensus langagier qu'à travers ce que la
nouveauté, n'étant pas encore connue, sinon qu'elle n'est pas le référent
(en effet, comme dans la théorie des ensembles pour certains ensembles).
Jamais la culture sociale de la modernité ne perd le référent d'une
modernité en effet devenue traditionnelle, mais pour autant qu'elle ne soit
pas une continuité entre cette précédente façon et la nouvelle, mais une
rupture de cette succession. Il y a toujours l'avant et l'après en
modernité. Que cette culture dialectique relève de prolégomènes devenus
caduques dans l'entropie du monde de la modernité réalisée actuellement,
tendrait en effet plutôt à signifier la fin de ce dispositif représentatif
collectivement. Et on voit bien tous les critères de l'équivalence de la
valeur, y compris les droits de l'homme, perdre leur sens commun, les uns
après les autres...
Maintenant savoir l'autre et l'au-delà est impossible. Tout juste est-il
possible de produire des idées critiques ou de suivre les liens sémiotiques
prédictibles entre les événements.
En fait, tout ça est sans prétention de ma part -sinon un certain héroïsme
de persister ici vu qui je suis et qui vous êtes, donc merci que nous ayons
tous fait un effort - mais utile pour conclure sur ma position respective :
Qu'est-ce qui informerait une nouvelle modernité s'il pouvait en exister
encore ? Sinon la représentation critique de la technique dans l'univers
techno-expert...
Je veux dire que la modernité technique jusqu'au dépassement de l'ère
industrielle (c'est à dire son dispositif d'équivalence de la valeur dans
les rapports de production), est de fait en plein coeur du monde numérique
qui se développe aujourd'hui, que ses experts le veuillent ou non, et même
si personne n'y comprenait rien ceserait une donnée incontournable des
sociétés aujourd'hui. Seuls les poètes pourraient prétendre pouvoir
s'écarter de cette réalité.
La technique moderne et le monde auquel elle a donné lieu sont le consensus
collectif critique lui-même pouvant informer y compris les points les plus
experts de ce qui suivra. Il n'y en a pas d'autre possible. Ou alors c'est
la mort de la connaissance expérimentale directe et indirecte accessible au
peuple non spécialisé, après que l'économie de la production disparaissant
l'ait laissé dépourvu. Ou encore c'est l'annonce de spectaculaires
régressions - toutes les régressions possible y compris les pires de
l'histoire moderne que nous ne voudrions pas voir revenir. L'abstration
elle-même ne peut l'ignorer.
Malheureusement si on communique ainsi, par contre, on n'invente pas
obligatoirement de cette façon ... mais par accident certainement. Alors
tout le monde peut s'y retrouver.
Malheureusement encore, sans le dispositif de conscience commun, on impose
des réformes liberticides en termes de mode de vie et au nom de ce que le
passé soit devenu impossible à "gérer" -y compris en références:)
Et encore un accident supplémentaire : personnellement, contre toute
apparence, je suis passionnée par l'art conceptuel que je situe aux confins
de la poésie, et absolument fascinée par l'art du code, même si je ne sais
pas en donner. Quant aux animations algorithmiques elles me laissent
toujours impressionnée.
Voilà, merci à tous ceux qui ont pu me supporter dans ce débat.
Qu'importe ! pourvu qu'on s'émerveille...
A.
PS/ Avant de terminer je voudrais réparer un oubli notoire de citation du
passé, de l'avant-garde graphique et poétique FR (parmi laquelle des
transfuges d'Oulipo) Panic, très populaire, plastiquement violente, et qui
travailla la post-modernité dans son registre radical lui-même ; au milieu
des années 60 Panic avait déconstruit toutes les avant-gardes plastiques
modernes... les Punks du No Future n'avaient plus qu'à passer et pour en
finir une seconde fois (puis la montée de la musique techno en Allemagne, à
Detroit, et en Europe du Nord). Panic notamment : Topor, Jodorowski,
Arrabal, Cieslewicz.
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